Lysandra

Lysandra bellargus

Lysandra bellargus (Rottemburg, 1775)

syn. Polyommatus bellargus

Le Bel-argus, l'argus bleu céleste

Le genre Lysandra désigne des azurés de grande taille qui ont la frange blanche des ailes barrée de noir au niveau de chaque nervure, au recto comme au verso. Les analyses génétiques menées depuis le début des années 2000 n'ont pas permis de déceler de différence significative avec les Polyommatus s. str., aussi certains auteurs les ont réintégrés dans ce genre.

Notre bel-argus doit son nom vernaculaire au recto du mâle qui est d'un bleu clair vif et brillant. La marge des 4 ailes est soulignée d'un très fin trait noir. Aux antérieures l'extrémité des nervures est légèrement soulignée de gris, tandis qu'aux postérieures on trouve de minuscules points noirs. Le recto de la femelle est brun un peu grisé, rehaussé de lunules submarginales oranges, celles des ailes postérieures sont plus grandes, triangulaires et surmontées d'un point noir. Il peut également y avoir une suffusion bleue vers la base, qui peut aller jusqu'à occuper la totalité de la surface normalement brune. Sur les ailes antérieures un trait cellulaire est présent et étroitement souligné de blanc.

Le verso des deux sexes est assez semblable à ceux de Polyommatus icarus, outre la frange striée de noir (qui peut être usée voire absente chez des individus âgés), on notera que les ocelles pupillés ne forment pas un alignement régulier par rapport à la marge, mais l'avant-dernier à l'angle anal est décalé vers l'intérieur.

C'est une espèce typique des prairies calcaires chaudes et sèches où poussent les légumineuses du genre Hippocrepis qui nourissent généralement les chenilles. Il y a deux générations par an, en avril-mai et au coeur de l'été. Il est présent partout en France sauf à la pointe de la Bretagne et en Corse.

Il existe des hybrides naturels entre L. bellargus d'une part, et L. coridon ou L. hispana d'autre part.

Lysandra hispana

Lysandra hispana (Herrich-Schäffer, 1852)

Le bleu-nacré d'Espagne

Ce papillon est un quasi-jumeau de Lysandra coridon. Outre les marqueurs génétiques difficilement appréciables sur le terrain (!) les différences morphologiques sont subtiles :

- chez le mâle, au recto des marges grises plus fines et largement entamées par des ocelles, au verso un contraste plus faible entre les ailes antérieures et postérieures

- 2 générations annuelles (avril-mai et fin d'été), contre une génération estivale chez L coridon.

C'est la théorie... A l'occasion du travail mené pour réaliser un guide d'identification des papillons de jour de France, les naturalistes de Gard Nature ont réalisé un gros travail d'analyse pour essayer de vérifier la validité de ces critères, en se basant sur des centaines de photographies prises partout en France et sur les collections de référence. Au bout de 50 pages la conclusion est... que ces critères morphologiques ne marchent pas !

Donc à part considérer que les individus très précoces ou très tardifs dans le midi méditerranéen sont "probablement" des L. hispana, entre les deux il est illusoire d'affirmer avoir affaire à l'une ou l'autre espèce.

La répartition de l'espèce est donc incertaine, dans l'état actuel des données validées elle occupe la plaine méditerranéenne, la Provence et la basse vallée du Rhone jusqu'au piémont du Vercors. Au-delà elle se limite au pied des Pyrénées en Espagne et quelques données dans le nord de l'Italie. Ailleurs on n'a théoriquement affaire qu'à L. coridon. Les photos présentées ont été prises en avil ou mai en région méditerranéenne.

Lysandra coridon

Lysandra coridon (Poda, 1761)

l'Argus bleu-nacré

Le mâle bleu-nacré a le recto des ailes essentiellement bleu-gris brillant. Il y a à chaque aile une marge grise au contour diffus qui s'élargit vers l'avant, et se prolonge sur les nervures qui sont également grises. Sur les ailes postérieures on distingue aussi des points noirs submarginaux au bord de l'aire bleue. Le recto de la femelle est normalement brun noir, avec des lunules oranges submarginales aux ailes postérieures et une bande orangée peu marquée aux ailes antérieures. Mais comme chez les autres Lysandra et certains Polyommatus, il existe également des femelles partiellement ou complètement bleues.

Le verso est semblable à celui de L. coridon, mais avec des couleurs plus sombres et contrastées. Les lunules oranges sont réduites. La couleur de fond de l'aile postérieure contraste avec celle de l'antérieure.

C'est une espèce des prairies sèches calcicoles, comme L. bellargus, et ses chenilles consomment les mêmes plantes-hôtes du genre Hippocrepis. Mais L. coridon a une seule génération estivale, et monte plus haut en altitude jusque vers 2000m. Dans le sud, la situation est plus confuse avec la présence de L. hispana, quasiment identique à L. coridon, mais qui a 2 générations par an.