Maculinea nausithous
Maculinea nausithous (Bergsträsser, 1779) : l'azuré des paluds
Synonyme : Phengaris nausithous
Une fois posé et les ailes fermées, ce papillon est d'une banalité totale : un fond marron chocolat uniforme, un alignement de points noirs (faiblement cerclés de blanc sous les postérieures), et voilà... Le recto des ailes, difficilement observable, n'est guère plus original : le mâle est partiellement bleu avec quelques points noirs aux ailes antérieures et la femelle entièrement brune.
C'est son mode de vie qui constitue son intérêt. Comme les autres espèces du genre, l'azuré des paluds est strictement dépendant d'une espèce de plante pour nourrir des chenilles au début de leur cycle (la grande sanguisorbe Sanguisorba officinalis, inféodée aux prairies humides), puis de fourmis qui prennent le relais (fourmi rouge, Myrmica rubra). Cette grande sensibilité au maintien de biotopes prairiaux naturels et ouverts, et à leur gestion favorable aux fourmis, lui vaut un statut d'espèce protégée au niveau européen et l'engagement d'un plan national d'action en faveur des Maculinea.
Ce papillon est très localisé dans deux aires disjointes, au pied des deux versants des Vosges et dans une aire qui s'étend du sud du Jura au nord des Alpes.
Maculinea teleius
Maculinea teleius (Bergsträsser, 1779): l'azuré de la sanguisorbe
synonyme : Phengaris teleius
Sa biologie est quasiment identique à celle de M. nausithous, avec qui il partage certains biotopes. Les chenilles des deux espèces consomment les inflorescences de Sanguisorba officinalis, mais ensuite elles sont prises en charge par des fourmis différentes : Myrmica rubra pour M. nausithous, et Myrmica scabrinodis pour M. teleius.
Le mâle a un recto bleu ciel brillant, avec une marge grise épaisse et une série de points postdiscaux aux 4 ailes. Les nervures sont soulignées de noir, surtout aux antérieures. Le verso a une couleur de fond gris-brun uniforme, avec une série de points noirs post discaux et une série submarginale, les deux étant cerclées de blanc. Les points submarginaux sont parfois réduits, donnant l'impression d'ocelles blancs. La femelle est globalement identique, mais avec du gris-nois plus présent au recto au détriment du bleu.
Comme malheureusement tous les papillons inféodés aux zones humides, les populations de cet azuré sont localisées et fragmentées. Il est essentiellement présent en Alsace, Vosges du Nord, piémont du Bugey et plaine de Bresse, ainsi que dans des marais au sein des vallées alpines (Savoie, Hautes-Alpes...). Il existe aussi quelques populations isolées en Ardèche, Gironde, Charente, Indre, Indre et Loire, Sarthe.
Maculinea arion
Maculinea arion (Linnaeus, 1758) : l'azuré du serpolet
Synonyme : Phengaris arion
Ce bel azuré fait partie des plus grandes espèces visibles en France, ce qui attire déjà l'oeil quand un individu passe au milieu d'espèces plus communes. Toutefois, au cours d'un mois d'août particulièrement sec j'ai pu observer des individus anormalement petits. Une fois posé, il est caractérisé par un verso gris-brun avec une suffusion basale bleue. Le centre des 4 ailes porte un alignement de gros points noirs faiblement cerclés de blanc, ceux sous les antérieures ont une forme un peu allongée. Près de la marge on trouve une autre série de points noirs surmontés d'une tache noire. Sur les individus frais ces deux rangées submarginales sont fortement marquées, tandis que la frange blanche des ailes est entrecoupée de noir en alternance avec cette ponctuation. Le recto est plus difficile à observer, il est bleu vif avec une marge grise épaisse. Sur les ailes antérieures, le bleu des ailes porte une série de taches noires allongées alignées comme celles du verso, tandis qu'il n'y a que 2 petits points noirs sur les postérieures.
La biologie de cet azuré est analogue à celle des autres Maculinea. Les oeufs sont pondus sur les inflorescences des plantes hôtes, ici des thyms herbacés ("serpollet") ou de l'origan (Origanum vulgare). Les chenilles vont consommer les fleurs pendant leurs 3 premiers stades de développement, avant de tomber au sol où elles sont prises en charge par des fourmis du genre Myrmeca qu'elles leurrent grâce à des phéromones. Elles vont poursuivre leur croissance et se nymphoser dans la fourmillière.
On rencontre cette espèces dans des milieux ouverts ou des lisières thermophiles où sont présents les plantes hôtes et les fourmis nécessaires à son développement. Les plantes hôtes étant communes, c'est logiquement l'espèce la plus largement répandue du genre en France, il est potentiellement présent partout mais absent ou exceptionnel en Bretagne, Normandie, Limousin, hauts de France, plaine méditerranéenne ou grandes plaines céréalières. Toutefois au sein de cette aire il est localisé, voire très rare dans les régions septentrionales.
Il bénéficie d'une protection nationale et européenne.
Maculinea rebeli
Maculinea alcon subsp. rebeli (Hirschke, 1904) : l'azuré de la croisette
Phengaris alcon rebeli (Hirschke, 1904)
Ce taxon est très proche de l'azuré des mouillères (M. alcon). Leur statut relatif fait l'objet de débat, espèces distinctes ou écotypes / sous espèces d'une même espèce ? La dernière tendance est au rapprochement comme deux sous-espèces.
C'est ici un papillon de secs voire thermophiles, associé essentiellement à la gentiane croisette qui lui a donné son nom vernaculaire : Gentiana cruciata. J'ai également trouvé mention de G. lutea et Gentianella germanica. Comme les autres Maculinea, le cycle larvaire passe par la prise en charge de la chenille par des fourmis du genre Myrmica.
Le mâle a un recto bleu ciel uniforme avec une fine marge grise (plus large chez M. alcon). La femelle a un recto brun noir, avec une zone basale bleue d'étendue variable. Il y a également des taches sombres allongées, comme celles de M. arion, mais si le bleu est peu étendu elle sont alors peu distinctes sur la couleur de fond brune.
Le verso des deux sexes est brun gris uniforme, avec une série points postdiscaux plus petits que chez M. arion, et près de la marge une série de points surmontés de macules sombres peu distinctes. La suffusion basale bleue est généralement présente (distinction avec M. alcon).
Ce papillon est bien présent sur les reliefs calcaires de la moitié Est, ponctuellement en plaine en Lorraine, Champagne, coteaux de la Seine.
Maculinea alcon
Maculinea alcon subsp. alcon (Denis & Schiffermüller, 1775) : l'azuré des mouillères
Phengaris alcon (Denis & Schiffermüller, 1775)
Ce taxon est très proche de l'azuré de la croisette (M. rebeli). Leur statut relatif fait l'objet de débat, espèces distinctes ou écotypes / sous espèces d'une même espèce ? La dernière tendance est au rapprochement comme deux sous-espèces.
C'est ici un papillon de milieux humides, associé à des gentianes palustres : Gentiana pneumonanthe essentiellement, marginalement G. asclepiadea et Swertia perennis, une autre gentianaceae des prairies humides. Comme les autres Maculinea, le cycle larvaire passe par la prise en charge de la chenille par des fourmis du genre Myrmica.
Le mâle a un recto bleu ciel uniforme avec une large marge grise (plus fine chez M. rebeli). La femelle a un recto brun noir, avec une zone basale bleue d'étendue variable. Il y a également des taches sombres allongées, comme celles de M. arion, mais si le bleu est peu étendu elle sont alors peu distinctes sur la couleur de fond brune.
Le verso des deux sexes est brun gris uniforme, avec une série points postdiscaux plus petits que chez M. arion, et près de la marge une série de points surmontés de macules sombres peu distinctes. La suffusion basale bleue est absente ou réduite (distinction avec M. rebeli).
Ce papillon est essentiellement présent dans les massifs montagneux (Alpes, Jura, Massif Central et Pyrénées), sur le plateau de Langres, et ailleurs ponctuellement dans les marais de plaine où il est particulièrement menacé.