Papilio alexanor

Papilio alexanor (Esper, 1800) : l'Alexanor

Espèce rare et localisée dans les Alpes du sud et les Préalpes où elle fréquente les éboulis et le lit des torrents, là où pousse la plante nourricière des chenilles, l'ombellifère Ptychotis saxifraga.

J'ai longtemps rêvé de rencontrer ce papillon, et ce n'est qu'en juillet 2014 que j'ai enfin eu l'opportunité de le rencontrer dans les Alpes de Haute Provence. Après une course poursuite dans les pierriers, il a bien voulu prendre la pose pendant qu'il butinait des Centranthes, sa source de nourriture favorite, qui est une plante qui apprécie les mêmes biotopes.

L'Alexanor ressemble fortement au machaon, pour le distinguer on regardera la base des ailes où les dessins noirs forment un dessin en boucle triangulaire bien marqué. Les antennes ont une extrémité blanche. A noter, contrairement au machaon, l'Alexanor garde les ailes ouvertes au repos. 


Papilio machaon

Papilio machaon (Linné, 1758) : le Machaon, le grand porte-queue

C'est de loin l'espèce la plus répandue du genre, le machaon est visible potentiellement partout à l'exception des hautes montagnes. Il sera plus facile à rencontrer dans les lieux herbus et fleuris, mais comme c'est un excellent voilier il peut passer dans des biotopes moins favorables. Bien qu'étant largement répandu, il n'est pas pour autant abondant.

Ce papillon est un des plus connus du grand public, car il est aussi un des plus spectaculaires. Il y a souvent des confusions avec le Flambé, pourtant un examen rapide suffit à les différencier : le Flambé est blanc avec des stries longitudinales noires, tandis que chez le Machaon la couleur noire est répartie à peut près partout en périphérie des ailes avec en plus des taches bleues bien marquées sur les ailes postérieures. Les deux espèces ont en commun une queue et une tache orange à l'angle anal des postérieures, même si leur forme est différente. La distinction entre le machaon et les deux autres Papilio de notre faune demande plus d'attention (voir les articles consacrés à P. hospiton et P. alexanor). 

Le Machaon pond sur un grand nombre d'espèces de plantes de la famille des Apiaceae ( = ombellifères), dont la carotte et le fenouil cultivés dans les potagers. Un carré de ces plantes laissé sans être récolté pourra peut-être vous permettre d'y observer ce magnifique papillon, ou sa chenille qui est aussi très caractéristique ! En plus d'être plutôt tolérant sur la plante hôte de ses chenilles, le Machaon produit aussi 2 générations par an (en avril-mai et en milieu d'été), ce qui contribue à faciliter son observation.

Papilio hospiton

Papilio hospiton (Gené, 1839) : le porte-queue de Corse

Cette espèce est proche du Machaon (P. machaon) avec qui elle cohabite et qui lui ressemble fortement. Il faudra donc être attentif en Corse et Sardaigne où vit P. hospiton, d'autant plus que des hybrides naturels entre ces deux espèces existent. 

Par rapport au machaon, il se distingue par une coloration plus sombre, aux dessins noirs épaissis, en particulier sur les antérieures. Sur les ailes postérieures, les lunules postmarginales bleues sont réduites, tout comme les lunules orange à l'angle anal. Les queues sont également plus courtes. 

Il n'y a qu'une seule génération annuelle, d'avril à juin selon l'altitude, alors que le machaon a 2 générations. P. hospiton pond essentiellement sur la grande Férule (Ferula communis), une Apiacée méditerranéenne, en évitant les zones de basse altitude. Il est étonnant de voir que ce papillon est si localisé alors que sa plante nourricière est présente dans tout le bassin méditerranéen et que son proche parent P. machaon est présent, lui, sur une immense aire de répartition.

J'ai eu la chance de voir cette espèce en Sardaigne où il était déjà bien abîmé malgré la date plutôt précoce (autour du 20 avril).