Brenthis hecate
Brenthis hecate (Denis & Schiffermüller, 1775)
Le Nacré de la filipendule
C'est, de loin, le plus rare des trois Brenthis de notre faune. Ce papillon est étroitement associé à la plante hôte de sa chenille qui affectionne les prairies maigres, sèches à temporairement humides, sur sols calcaires. Cependant, si la présence de la Filipendule est nécessaire, elle n'est pas suffisante pour que le papillon soit également présent.
Le Nacré est présent essentiellement dans le quart sud-est de la France, avec également un noyau de population important sur les causses du Quercy. Il est beaucoup plus localisé ailleurs dans la moitié sud du pays. Selon l'altitude, l'imago est visible en juin ou juillet.
Les recto des Brenthis sont assez semblables à première vue, celui de B. hecate peut être identifié grâce aux deux rangées de taches noires submarginales qui sont de taille à peu près équivalentes, mais ça n'est pas un critère aisé, ni fiable. Le verso est beaucoup plus typé, mais à première vue il resemble fort à celui d'une mélitée. On y retrouve la double rangée de taches noires parallèles à la marge, avec des taches arrondies à l'intérieur, et des triangles pointant vers la marge en périphérie, sur un fond brun-jaune pâle rehaussé de bandes orangées.
J'ai rencontré pour l'instant deux fois ce papillon en France, dans le Lot (une épave volante...) puis un individu très frais dans les Alpes de Haute Provence. Au cours d'un long voyage vers l'Est en juillet 2019, j'en ai revu en quantité en Slovénie au Mont Nanos (env. 1000m d'altitude) et en Croatie (comté de Karlovac, 700m d'altitude) dans des pâturages et des prés de fauche extensifs, ce qui m'a permis de mieux appréhender l'espèce et ses variations, en particulier le recto de la femelle qui peut être voilé de reflets gris-violet.
Brenthis daphne
Brenthis daphne (Denis & Schiffermüller, 1775)
Le nacré de la ronce
Plantes hôtes de la chenille : ronces (genre Rubus) et violettes Viola sp.
C'est de loin l'espèce la plus répandue du genre. Il est présent pratiquement dans toute la France à l'exception de la Bretagne, une partie de la Normandie et des Hauts-de-France. Son aire de répartion s'est fortement étendu dans le nord et le nord-est au cours des dernières années, et il est à présent commun en Lorraine. Il fréquente les lisières forestières et les espaces fleuris adjacents, à proximité des plantes hôtes de ses chenilles.
Il est assez semblable à B. ino qu'il peut cotoyer. Au recto on regardera la bande noire submarginale des ailes postérieures, qui ne forme pas un trait continu, mais une succession de grosses tâches noires disjointes ou faiblement raccordées. Au verso, la partie proximale des ailes postérieues est traversée par une bande jaunâtre, tandis que la partie distale est variée de brun, avec une série d'ocelles aux contours flous.
Brenthis ino
Brenthis ino (Rottemburg, 1775)
Le nacré de la filipendule
Plantes hôtes de la chenille : Reine-des-prés Filipendula ulmaria, également ronces (genre Rubus) et Sanguisorba sp.
Cette espèce est inféodée aux zones humides où pousse la plante-hôte classique de ses chenilles. Par rapport à B. daphne, le recto est caractérisé par une bande marginale noire épaisse et continue aux ailes postérieures et antérieures. Le verso est semblable à celui de B. daphne, avec des couleurs plus contrastées. La partie distale présente parfois des nuances de violet, et vers son centre deux cellules sont teintées de jaune et ressortent par rapport au brun environnant. Comme chez B. daphne, on retrouve une série d'ocelles pupillés mal délimités.
Ce papillon a une répartition plus continentale que B. daphne, il est présent partout sauf sur le littoral atlantique, la Bretagne, absent ou rare en Normandie. Il est localisé dans son aire aux biotopes favorables, et comme toutes les espèces de milieux humides il est menacé par leur régression.