Epitheca bimaculata

Epitheca bimaculata (Charpentier, 1825) : la cordulie à deux taches

 Cette espèce est particulièrement discrète à l'état adulte, au point que le qualificatif d'espèce "mythique" lui a été souvent attribué, tant les observations sont rares. Toutefois, si l'on prospecte la rive des étangs à la bonne période, on peut se rendre compte que des centaines d'individus y émergent, laissant comme trace leur exuvie avant de se volatiliser. Ces prospections ont montré que l'espèce est plus répandue et abondante que ce qui était estimé. Il faut cependant passer au bon moment, car les éclosions sont synchronisées et 90% d'une population va émerger en quelques jours. L'exuvie est assez facile à reconnaître : assez grande (plus que pour Cordulia aenea qui émerge en même temps), avec de très longues pattes, de fortes épines dorsales et trois grandes pointes à lextrémité de l'abdomen. La larve est capable de parcourir des distances relativement grandes avant d'émerger, j'en ai déjà vu traverser des routes qui longent leur étang. Après l'émergence, l'imago va aller rejoindre les forêts environnantes, ou patrouiller au milieu des étangs, devenant furtif. En plus de 10 ans, je n'en ai vu et identifié que deux fois en vol ! 

La période démergence est donc la meilleure si l'on veut observer cette libellule en détail. Comme elle est précoce (émergence mi-mai environ), il arrive régulièrement que le temps soit frais et humide, et les néonates doivent patienter dans les herbes avant de pouvoir décoller ce qui leur laisse le temps d'acquérir leurs couleurs. Le mauvais temps peut aussi provoquer de gros dégâts en abîmant les ailes encore molles des émergents. On découvre alors un très bel odonate au corps brun orangé, rehaussé de noir sur le dessus de l'abdomen, avec des ailes fumées, et une tache noire triangulaire à la base des ailes postérieures qui contraste avec une membrane blanche. Le mâle mature a plus de noir sur le dessus de l'abdomen, et des appendices anaux en V. On peut la confondre avec Libellula fulva

L'aire de répartition en France est relativement limitée, allant des plaines du Grand Est à la Picardie, jusqu'au Massif Central et là la Bresse. Elle fréquente les plans d'eau, préférentiellement riches en végétation et bordés d'arbres, y compris des étangs piscicoles a priori peu favorables aux odonates.